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Tensions agricoles à Bordeaux : la Cité du Vin s’excuse après une dégustation de vins ukrainiens

Par Julie Glawi , le 20 décembre 2025 à 19:47 - 4 minutes de lecture
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La scène est tendue à Bordeaux, où une dégustation de vins ukrainiens à la Cité du Vin a réveillé une colère sourde parmi les producteurs locaux. L’initiative visait à saluer la résilience d’un vignoble ukrainien en pleine tourmente. Mais le contexte économique et social de la viticulture bordelaise a changé la donne, suscitant une forte réaction.

Les Jeunes Agriculteurs de Gironde ont symboliquement organisé «l’enterrement de l’agriculture française» pour manifester leur désaccord. La Cité du Vin a finalement présenté des excuses, cherchant à apaiser les esprits en pleine crise viticole.

Cette histoire illustre un moment où les enjeux agricoles locaux croisent des démonstrations internationales, parfois avec fracas.

Les tensions autour de la dégustation de vins ukrainiens à Bordeaux

La Cité du Vin a programmé, courant décembre, un atelier de dégustation mettant en lumière des vins ukrainiens. L’objectif annoncé était de mettre en avant la résilience des viticulteurs ukrainiens face à la guerre. Cette initiative aurait pu être une belle occasion de solidarité.

Mais dans un vignoble bordelais secoué par la chute des cours et une crise économique majeure, cette attention accordée à l’étranger a été perçue comme un mépris pour les producteurs locaux. Les Jeunes Agriculteurs 33 ont interprété cette dégustation comme un affront.

Le timing était particulièrement mal choisi, avec une agriculture française au bord de l’asphyxie financière et morale, sur fond de mobilisations contre un accord commercial avec le Mercosur.

Une manifestation pacifiste qui secoue Bordeaux

Face à l’annonce de cette dégustation, les Jeunes Agriculteurs ont décidé d’organiser une action jeudi 18 décembre. Surnommée l’enterrement de l’agriculture française, leur manifestation voulait symboliser la détresse réelle du secteur.

Les tensions ont bien failli dégénérer. Mais une concertation de dernière minute entre la Cité du Vin et les JA a permis d’éviter un incident majeur. Les manifestants ont accepté de délocaliser leur action au pont Jacques-Chaban-Delmas.

Là, un feu symbolique a été allumé, accompagné du jet de cercueils et croix factices, très forts en image. Cette mise en scène ne laissait aucun doute sur le désespoir des vignerons face à l’effondrement de leurs revenus.

La Cité du Vin présente ses excuses face à la pression agricole

Après des échanges nourris, la Cité du Vin a exprimé son incompréhension sur l’ampleur de la réaction. L’institution a reconnu ne pas avoir anticipé un tel tollé pour une dégustation seule. Cependant, elle a accepté de publier un communiqué d’excuses et de s’exprimer publiquement devant la presse.

Cette démarche visait à calmer la situation, tout en soulignant que l’atelier ukrainien s’était déroulé sans heurts. Les viticulteurs locaux ont apprécié ce geste mais restent vigilants.

Ils réclament désormais un soutien concret, notamment sur la commercialisation des vins bordelais, alors que les prix stagnent trop bas.

Un climat agricole fragile en quête de solutions

Au-delà de la polémique, cette affaire reflète un vignoble bordelais en peine, en quête d’un nouveau souffle. La viticulture locale connaît un repli marqué, avec des cours qui peinent à suivre, des récoltes délicates et des marchés changeants.

Dans ce contexte, toute initiative qui ne met pas au centre la région s’expose à une contestation forte. Les Jeunes Agriculteurs attendent aussi des actes : «Si rien ne bouge, on ira les revoir», confie un porte-parole.

Les prochains mois seront déterminants pour voir si le dialogue peut se transformer en actions concrètes en faveur d’un vignoble bordelais qui tient encore debout.

Cette démonstration rappelle que le vin n’est jamais qu’un nectar en bouteille. C’est un écho vivant au terroir, aux hommes et femmes qui le façonnent à force de patience et de passion.

Source: avis-vin.lefigaro.fr

Julie Glawie est une œnologue basée à Toulouse avec un principe simple : « Un bon vin, c’est comme une personne franche : pas besoin d’en faire trop pour être remarquable. » Formée à la dégustation de haut niveau, Julie décortique chaque vin avec justesse, naturel et précision, sans jamais tomber dans le jargon. Elle adore dénicher des vins vivants et sincères et vous partage des conseils simples, vrais et percutants pour réussir vos accords mets-vins.

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