Retrait du label Sud de France sur les bouteilles : un défi majeur pour l’exportation des vins d’Occitanie
La décision du Conseil d’État de retirer la marque Sud de France des étiquettes de vin d’Occitanie est tombée comme un couperet. Cette interdiction, redoutée depuis plusieurs années, risque de chambouler l’exportation des vins régionaux. Elle fragilise surtout les Indications Géographiques Protégées (IGP) face à la concurrence internationale.
Créée en 2006 par Georges Frêche, la marque Sud de France rassemblait depuis près de vingt ans vins, fruits et produits alimentaires sous un même étendard fédérateur. Son succès ne faisait aucun doute, notamment à l’export, où ce label simple affichait fièrement l’ancrage territorial des vins du Languedoc-Roussillon, puis de l’Occitanie.
Pourquoi la marque Sud de France disparaît-elle des bouteilles ?
Ce qui semble aujourd’hui une lourde perte découle d’un problème juridique : “Sud de France” ne désigne pas une zone géographique officielle selon les règles européennes sur les appellations. L’accolade de mots “Sud” et “France” flattait bien l’imaginaire, mais ne correspondait pas à une indication géographique protégée.
En 2023, sous la pression de Bruxelles, le ministère de l’Agriculture a interdit son usage sur les bouteilles. Les recours des interprofessions devant le Conseil d’État ont été rejetés le 3 décembre dernier. Une décision logique, mais brutale pour la filière locale.
Une menace plus lourde pour les vins exportés
Le casse-tête n’est pas égal pour tous. Certains comme les Costières de Nîmes se montrent plutôt indifférents, leur vin étant davantage rattaché à la Vallée du Rhône que cette marque ambigüe.
En revanche, les vins comme le Picpoul de Pinet, qui exporte 67 % de sa production, ressentent un vrai coup dur. “Plus on s’éloigne des frontières régionales, plus on a besoin d’un repère clair pour nos produits”, souligne son président. Sud de France jouait ce rôle clé, notamment sur des marchés difficiles comme l’Amérique du Nord.
Un impact sensible sur les Indications Géographiques Protégées
Ce sont surtout les IGP, ces appellations plus fines et souvent moins connues, qui souffrent. Sans ce label fort et fédérateur, elles perdent en visibilité et en reconnaissance sur leurs marchés historiques.
Denis Verdier, chef de l’IGP Gard, décrit une situation “comme une balle qu’on se tire dans le pied”. Après quinze ans d’investissement commun, cette interdiction freine la dynamique de visibilité internationale, embarrassant totalement les PME et négociants.
Une décision perçue comme incohérente dans la filière
La directrice du syndicat des AOP Languedoc tempère en rappelant que l’interdiction ne concerne que les bouteilles. “On peut toujours afficher la marque lors des salons ou sur les linéaires, ce qui n’a pas beaucoup de sens commercial pour des produits d’export”, explique-t-elle.
Cette incohérence tend à crisper une filière déjà marquée par des défis climatiques et économiques. Le retrait de Sud de France sur l’étiquette s’apparente à une double peine, juste au moment où le marché mondial devient plus exigeant et concurrentiel.
Une nouvelle identité pour tenter de rebondir
Consciente des enjeux, la Région Occitanie a anticipé avec la création d’une nouvelle marque, plus conforme, baptisée Sud de France Occitanie. Un nouveau logo a été dévoilé, exploitable sur les bouteilles dans les règles, même si son adoption reste en débat.
Carole Delga, présidente de la Région, rappelle que cette marque faisait office de repère. Elle insiste sur la solidité de la nouvelle identité et sur la volonté régionale à soutenir la filière, première exportatrice en volume en France.
Un plan B qui ne convainc pas tous les producteurs
Mais la nouvelle version ne fait pas l’unanimité. “Nos producteurs hésitent”, confie Denis Verdier. Le risque est réel que ce coup marketing peine à s’imposer face à la notoriété effacée de l’ancienne marque.
Il faut travailler désormais avec intelligence et pragmatisme. La Région et la Maison du négoce veulent ajuster les outils pour ne pas laisser le vin d’Occitanie perdre son éclat hors de ses frontières.
Un contexte international qui complique la tâche
Le retrait de cette marque mentale s’ajoute à un environnement commercial déjà bien compliqué. Hausse des droits de douane, dévaluation du dollar, volatilité des marchés, tout cela pèse sur les exportateurs.
À vrai dire, les exportations sont déjà en recul depuis 2022. Dans ce contexte, perdre un atout d’identification simple, clair et fédérateur, c’est réduire sa capacité à convaincre le consommateur à l’étranger.
Cette décision, aussi technique soit-elle, révèle combien le lien entre territoire, marketing et réglementation est fragile. Il faudra du flair, du travail et du courage pour que le vin d’Occitanie garde sa place sur les étals mondiaux sans ce label emblématique.
Source: www.midilibre.fr
Julie Glawie est une œnologue basée à Toulouse avec un principe simple : « Un bon vin, c’est comme une personne franche : pas besoin d’en faire trop pour être remarquable. » Formée à la dégustation de haut niveau, Julie décortique chaque vin avec justesse, naturel et précision, sans jamais tomber dans le jargon. Elle adore dénicher des vins vivants et sincères et vous partage des conseils simples, vrais et percutants pour réussir vos accords mets-vins.

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