L’offensive des hygiénistes contre le vin : « Vous ne dégustez pas simplement du vin… mais un cocktail chimique potentiel ! »
Le vin est sous le feu des critiques. Une nouvelle vague hygiéniste remet en cause sa composition et sa place dans nos verres. Mais que cache vraiment cette attaque sévère sur notre boisson ancestrale préférée ?
L’attaque frontale des hygiénistes sur le vin : cocktail chimique ou peur exagérée ?
Depuis quelque temps, l’association Addictions France dénonce avec vigueur ce qu’elle appelle un “cocktail chimique” dans chaque bouteille de vin. Selon eux, vous ne buvez pas simplement du jus de raisin fermenté, mais une soupe d’additifs et de pesticides. Leur publication sur Facebook a surpris de nombreux amateurs avec les mots : « votre étiquette de vin ne dit rien », insinuant un manque de transparence flagrante.
Ce discours s’appuie notamment sur une analyse de 35 cuvées 2023 publiée par Que Choisir. Le souci que pointent les hygiénistes ? Une accumulation d’additifs assimilés à ceux retrouvés dans certains snacks ultra-transformés, voire les sodas. Pourtant, au cœur du débat, difficile de trancher. Car ce que l’on oublie souvent, c’est que ces additifs – sulfites, agents stabilisants, acides naturels – sont aussi présents dans des produits courants et en toute transparence.
Par ailleurs, depuis décembre 2023, les producteurs sont tenus d’afficher les informations nutritionnelles et les ingrédients, soit directement sur l’étiquette, soit via QR Code. Cette obligation renverse la vieille idée d’un vin “opaque” et mystique, laissant sagesse et modernité s’installer voire rassurer les consommateurs curieux.
Des additifs certes, mais souvent naturels et maîtrisés
Quand on parle d’additifs dans le vin, il faut entendre des produits comme l’acide lactique, malique ou encore ascorbique. Ces molécules existent naturellement dans la fermentation ou sont ajoutées pour maîtriser le profil gustatif et la stabilité du vin. On est loin d’un cocktail chimique effrayant. Ces choix œnologiques assurent que le vin reste vivant et sain.
Les sulfites apparaissent souvent comme des ennemis redoutables. Véritable épée de Damoclès, ils sont partout dans le monde du vin mais aussi dans d’autres aliments. Si certaines personnes y sont sensibles, la majorité supporte ces niveaux modérés sans soucis. La toxicité réelle dépend de la dose, une notion que les campagnes se gardent parfois de nuancer.
Enfin, des traces de bisphénols et phtalates peuvent subsister, mais les niveaux baissent drastiquement depuis une quinzaine d’années, grâce à la vigilance des syndicats et producteurs. Oser dire que c’est une menace immédiate relève d’une caricature plus que d’une analyse scientifique sérieuse.
Pesticides et labels : la bataille des concentrations et garanties
Le dossier devient encore plus épineux quand on aborde les pesticides. Une étude baptisée PestiRiv a montré que les habitants proches des vignobles sont plus exposés aux pulvérisations, notamment au printemps et en été. C’est indéniable.
Mais entre exposition et danger avéré, le chemin est long. Les organismes officiels comme l’Anses soulignent qu’à ce stade, il n’y a pas de risque sanitaire direct démontré. Les limites maximales de résidus (LMR) sont respectées, et même largement abaissées depuis des années.
Attention toutefois, la vigilance est de mise pour les enfants et les populations riveraines. L’important est d’informer clairement et d’ajuster les pratiques viticoles pour réduire ces expositions. C’est la nuance qu’oublient parfois les hygiénistes en faisant de cette étude un argument choc et définitif.
Le bio, seule certitude d’absence de résidus
Face aux inquiétudes, le label bio apparaît souvent comme la planche de salut. Il garantit en effet l’absence de pesticides de synthèse, ce que le label Haute Valeur Environnementale (HVE) ne peut assurer totalement. Certains vins HVE peuvent se rapprocher de la qualité bio, mais d’autres se situent au même niveau que les vins conventionnels.
Il faut rappeler que la filière viticole travaille depuis des années pour diminuer drastiquement l’usage de ces produits, avec des progrès notables. L’avenir du vin passera par plus de respect du sol, des sols vivants et des générations à venir.
Mais le politiquement correct ne doit pas servir à diaboliser à outrance une boisson qui a nourri des millions de traditions partagées.
Calorie, éthique et réalité des modes de consommation
Un autre point souvent traité avec emphase : les calories du vin. Oui, un verre contient plus de calories qu’un soda. Mais la comparaison oublie que le volume consommé n’est pas le même ! Quand vous sirotez un verre de vin (environ 10 cl), ce n’est pas comme engloutir une canette de Coca-Cola.
La densité énergétique est censée encourager la modération, pas la diabolisation. Plus d’alcool dans le verre = plus de calories. Point final. La question est d’apprendre à apprécier, lentement, et non d’interdire ou de culpabiliser.
Enfin, il faut reconnaître que l’étiquetage moderne donne maintenant accès à l’ensemble de ces informations, avec clarté. La complexité est dans les doses, jamais dans la présence des calories elles-mêmes.
Une boisson vivante et complexe à comprendre
Au risque de froisser les tenants de la pureté absolue, le vin ne sera jamais un produit parfaitement immaculé comme une eau minérale. Il porte la marque de ses terres, de ses vendanges et des mains des vignerons. Cette richesse se paie parfois par des traces d’éléments extérieurs.
Mais c’est aussi cette authenticité qui fait vibrer les amateurs, qui prennent plaisir à goûter, discuter et transmettre le savoir. Reconnaître toutes les nuances, sans peur ni déni, voilà ce que le discours hygiéniste devrait aussi méditer.
En fin de compte, derrière l’offensive des hygiénistes, c’est une interrogation sur le lien entre tradition et modernité qui se joue. Ce débat mérite mieux que les raccourcis simplistes et les peurs exagérées.
Source: www.vitisphere.com
Julie Glawie est une œnologue basée à Toulouse avec un principe simple : « Un bon vin, c’est comme une personne franche : pas besoin d’en faire trop pour être remarquable. » Formée à la dégustation de haut niveau, Julie décortique chaque vin avec justesse, naturel et précision, sans jamais tomber dans le jargon. Elle adore dénicher des vins vivants et sincères et vous partage des conseils simples, vrais et percutants pour réussir vos accords mets-vins.

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