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Chute dramatique des vins rosés des Côtes de Provence : les prix plongent à 100 €/hl

Par Julie Glawi , le 20 décembre 2025 à 05:37 - 4 minutes de lecture
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Les vins rosés des Côtes de Provence vivent une épreuve difficile en ce moment. Les prix s’effondrent dangereusement, flirtant avec les 100 €/hl, seuil historiquement bas. Cette dégringolade met en lumière un déséquilibre profond entre producteurs et négociants.

Les vins rosés des Côtes de Provence s’effondrent à 100 €/hl : un marché sous tension

Depuis 2024, le marché des rosés provençaux subit une stagnation inquiétante. Le prix au producteur a chuté d’environ 7 % entre 2024 et 2025, un recul qui atteint même 30 % par rapport à 2019. Cette dévalorisation pressionne fortement le tissu viticole local.

On observe un contraste frappant : la grande distribution maintient, voire augmente légèrement ses prix à la consommation. Cela creuse un fossé, une vraie décorrélation entre rémunération des vignerons et prix en rayons.

Pour certains, la réalité du marché semble éloignée des discours officiels : il n’y aurait pas de contrats à 100 € sur cette campagne, mais des transactions isolées, marginales et peu représentatives de volumes réels.

La rencontre clé du 13 janvier 2026 : une tentative de dialogue

Face à cette impasse, la filière s’organise. Une grande réunion est programmée en janvier prochain au Centre œnologique de l’ICV à Brignoles. Initiée par les syndicats agricoles JA83 et FDSEA83, elle vise à clarifier les tensions entre producteurs et négociants.

Au cœur des débats, la question du partage de la valeur ajoutée. Les vignerons, qui portent la responsabilité de la qualité et des normes environnementales, dénoncent une perte de repères face à une filière qui exploite leur travail sans leur reverser équitablement la valeur.

Les normes de certification HVE, coûteuses et désormais exigées, ne se traduisent pas forcément en meilleurs prix. Une réalité lourde à digérer quand on voit le coût grandissant d’une production respectueuse de l’environnement.

Entre décalage et saturation : les vendeurs tirent la sonnette d’alarme

Le président des jeunes agriculteurs du Var, Rémi Gautier, décrit une situation où « les affaires à 100 € sont monnaie courante ». Beaucoup se retrouvent contraints de vendre au plus vite, souvent à perte, pour assurer leur trésorerie. Pourtant, le marché bio, saturé, ne propose plus de meilleure valorisation.

Pourtant, certains vins premium se maintiennent à 180-230 €/hl. Mais cette segmentation s’efface avec une tendance globale à la baisse et à l’homogénéisation des prix. Dans un vignoble qui doit faire face à une inflation des charges, notamment environnementales, la tension monte.

Quelque part, on se heurte à un problème classique : une production qui dépasse la demande réelle. Sans adaptation, la filière risque de perdre plus que ses marges, elle pourrait aussi entamer la confiance et l’équilibre nécessaire à toute production durable.

Le négociant face à la crise : pas de marge pour s’enrichir

Du côté des maisons de négoce, la version est bien différente. Jean-Jacques Bréban, président de l’Union des Maisons de Provence, rappelle que le marché est fluide et que parler de prix recommandés reste compliqué. Pour lui, ces structures n’ont pas la main sur les marges pratiquées en grande distribution.

Le négoce se défend de tirer profit de la crise. Il cherche à stabiliser ses clients dans un contexte où la consommation du vin baisse globalement. Chercher de nouveaux débouchés ou réduire la production sont envisagés comme leviers pour rééquilibrer la situation.

Cette vision appelle à la prudence : la filière ne peut se permettre d’être fracturée. Le dialogue et la cohésion deviennent d’autant plus urgents que les incertitudes s’amplifient.

Régulation et adaptation : les pistes pour sortir de l’ornière

Le marché provençal ne connaît pas une surproduction écrasante, mais un certain décalage entre volumes produits et capacités d’absorption. Des outils comme la réserve interprofessionnelle pourraient être optimisés, notamment en accélérant la libération des stocks afin de fluidifier le marché.

Les courtiers misent aussi sur la distillation ou la destruction de volumes excédentaires comme mesures de régulation. Toutefois, la volonté politique et collective pour de telles décisions reste encore floue.

Un enjeu majeur pèsera probablement sur la capacité de la filière à innover sur ses marchés, mais aussi à faire évoluer son modèle autour d’une valorisation sincère du vin rosé provençal, ancré dans un terroir d’exception.

Source: www.vitisphere.com

Julie Glawie est une œnologue basée à Toulouse avec un principe simple : « Un bon vin, c’est comme une personne franche : pas besoin d’en faire trop pour être remarquable. » Formée à la dégustation de haut niveau, Julie décortique chaque vin avec justesse, naturel et précision, sans jamais tomber dans le jargon. Elle adore dénicher des vins vivants et sincères et vous partage des conseils simples, vrais et percutants pour réussir vos accords mets-vins.

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