Beaujolais : Les vieilles vignes font-elles vraiment la différence ? L’avis des vignerons et d’un œnologue
Les vins du Beaujolais, région souvent réduite aux clichés du Beaujolais Nouveau, cachent parfois des merveilles issues de vieilles vignes remarquables. Est-ce qu’une vigne ancienne garantit un meilleur vin ? La question agite les vignerons et passionne les œnologues, notamment ceux qui observent de près les subtilités du gamay, cépage roi du Beaujolais.
Vieilles vignes en Beaujolais : qu’est-ce que ça veut dire vraiment ?
On entend souvent parler de « vieilles vignes », mais cette appellation ne suit aucune règle stricte en France. Certaines mentions s’octroient à des vignes à peine trentenaires, voire moins. Pourtant, nombre de vignerons du Beaujolais, comme Jean-Étienne Chermette à Saint-Vérand, estiment qu’il faudrait attendre au minimum quarante ans avant d’employer ce terme.
Dans son domaine familial, les vignes ont en moyenne 70 ans. Elles ont été plantées par ses ancêtres, donnant naissance à des cuvées riches et stables. L’expérience tend à prouver que les vignes âgées expriment mieux la singularité du terroir.
Un terroir qui s’affirme grâce au temps
Vos papilles peuvent sentir la différence. Avec l’âge, la vigne développe des racines plus profondes et puise un équilibre minéral rare. Cette racine ancrée dans le sol confère souvent une finesse et une complexité accrues aux raisins. Cela dit, ce n’est pas une règle absolue. Le millésime, les conditions climatiques et les pratiques viti-vinicoles jouent un rôle tout aussi important.
Les vieilles vignes tendent à produire moins, mais cette rareté se traduit souvent par des raisins plus concentrés. La réduction du rendement peut donc rimer avec une meilleure qualité, même si parfois, un pied plus jeune travaillant sur un sol parfait peut rivaliser.
Le point de vue des vignerons et de l’œnologue sur la vieille vigne
Les vignerons partagent un même respect pour ces pieds âgés, souvent perçus comme des précieux témoins du terroir et de la tradition. Ils affichent toutefois une prudence certaine quant à la survalorisation de la mention « vieilles vignes ». Ce n’est pas une baguette magique qui garantit à coup sûr un grand vin.
Un œnologue averti soulignera que la qualité d’un vin repose sur un équilibre subtil entre différents facteurs : le travail à la vigne, les assemblages, la vinification et même les heures passées en cave. Le critère de l’âge de la vigne vient s’ajouter à cet ensemble, mais il ne le remplace pas.
Enjeux économiques et authenticité des cuvées « vieilles vignes »
Conseillez-vous toujours de choisir des vins vieilles vignes ? Oui, mais avec discernement. Ces vins affichent souvent un prix plus élevé, justifié par le faible rendement et le soin requis. Mais attention, tous les labels « vieilles vignes » ne garantissent pas la même exigence.
C’est un peu comme dire qu’une pièce de théâtre est meilleure parce qu’elle a un metteur en scène célèbre. Le nom attirera l’attention, mais la qualité finale dépendra de toute l’équipe. Dans le Beaujolais, le travail mains dans la terre reste la clé pour révéler la vérité du vin.
Vieilles vignes et styles de vin : une diversité à ne pas ignorer
Dans le Beaujolais, les vieilles vignes contribuent souvent à des cuvées d’exception, avec des arômes plus profonds et une structure plus marquée. Ce n’est pas un standard, mais une belle part du puzzle pour un vin qui tient bien la route dans le temps.
À contrario, les jeunes vignes apportent fraîcheur, fruité et parfois une vitalité pétillante qui peut également charmer les amateurs. Dénigrer les jeunes ceps, c’est passer à côté de la jeunesse du cépage gamay, qui a sa propre place dans l’expression régionale.
En somme, les vieilles vignes apportent une dimension supplémentaire au vin du Beaujolais quand elles sont respectées et travaillées avec patience. Elles ne font pas tout, mais elles créent souvent ce supplément d’âme qui transforme un vin banal en une belle expérience sensorielle.
Source: www.leprogres.fr
Julie Glawie est une œnologue basée à Toulouse avec un principe simple : « Un bon vin, c’est comme une personne franche : pas besoin d’en faire trop pour être remarquable. » Formée à la dégustation de haut niveau, Julie décortique chaque vin avec justesse, naturel et précision, sans jamais tomber dans le jargon. Elle adore dénicher des vins vivants et sincères et vous partage des conseils simples, vrais et percutants pour réussir vos accords mets-vins.

Commentaires
Laisser un commentaire